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Shapeshifters (2/40)

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Yorffeez's avatar
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Chapitre 2


Deux semaines s'étaient écoulées depuis ma perturbante rencontre avec Billy dans les bois. Le temps pour moi de terminer mes examens malgré le stress occasionné par cet employé d'un centre dont j'avais longtemps ignoré l'existence. Mes parents avaient eux aussi été très préoccupés par ce que je leur avais rapporté et surtout par cette carte du CFEL. Mon père avait toutefois été le premier à prendre des initiatives par rapport à tout cela en appelant le numéro indiqué sur la carte une semaine après cette étrange rencontre pour vérifier le sérieux des dires de Billy et celui-ci s'était présenté chez nous le jour même afin de nous parler du Centre Fédéral d'Etudes de la Lycanthropie. Malgré son apparence de brute, il avait su faire preuve d'un habile talent de séduction et de mise en confiance pour nous convaincre que ce centre était ce qu'il me fallait pour que je puisse y continuer à vivre quelques années sans mettre en danger la vie d'innocents à chaque pleine lune. J'avais même appris à mon plus grand soulagement que même des gens de mon âge se trouvaient là-bas et poursuivaient leurs études par l'intermédiaire de professeurs particuliers.

Ainsi, il avait été convenu que mon départ pour le centre en question aurait lieu une semaine plus tard soit aujourd'hui même. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle je m'attardais dans chacune des pièces de ma maison afin de m'imprégner une dernière fois de leurs souvenirs car je n'avais encore aucune idée de quand je reviendrai... Bien heureusement, Billy nous avait souligné le jour de son passage chez nous que les visites au centre étaient autorisées quatre fois par mois soit une fois par semaine.
Tandis que j'étais devant notre photo famille accrochée dans le hall d'entrée, je fus rejoint par mon père et ma mère qui arrivèrent sans un mot derrière moi. Mon père posa sa main sur mon épaule. C'était un homme de taille moyenne, un peu gras, au visage rond garni d'une épaisse moustache bien fournie. Il avait passé de nombreuses heures à se renseigner sur le phénomène légendaire de la lycanthropie avec l'espoir de trouver l'existence d'un éventuel remède. Malgré sa formation de professeur d'histoire et son habilité à trier les documents pertinents, il n'était pas parvenu à mettre la main sur une quelconque piste pouvant m'amener à guérir de ce mal sinon une, très populaire au passage : un loup-garou était supposé guérir de sa lycanthropie si le loup-garou qui l'avait mordu venait à mourir... Hélas, le problème était que je n'avais jamais été mordu! Ma maladie semblait venir de nulle part, ce qui en était d'autant plus frustrant. Mon paternel s'était alors découragé dans ses recherches et plaçait maintenant tous ses espoirs dans l'intervention du CFEL.

-Billy est déjà là, devinai-je.
-Oui, murmura ma mère.

Plusieurs coups de klaxons très proches appuyèrent sa réponse. Je me retournai et enlaçai tour à tour chacun de mes parents.

-Vous viendrez me voir de temps en temps ? demandai-je
-Promis, fit ma mère.
-Promis, ajouta mon père.

Ce fut donc rassuré que je pris ma valise avant de me rendre à l'extérieur où Billy m'attendait assis dans un gros pick-up double-cabine noir au moteur bruyant et aux roues boueuses.

-Hé, gamin, me fit-il. Comment ça va ?
-Bonjour, lui dis-je.
-Tu peux me tutoyer, tu sais. Pose ta valise dans la benne et assis-toi à l'avant.

Je m’exécutai et fit un timide salut à mes parents avant de m’asseoir à coté de Billy. Celui-ci adressa un bref signe de tête à mes géniteurs avant de démarrer en trombes.

-Nous serons au centre vers seize heures, m'annonça-t-il. Ça te laissera le temps de faire connaissance avec quelques résidents.
-J'espère que tout se passera bien avec eux... dis-je.
-T'inquiète pas, gamin ! Il y a une bonne ambiance là-bas ! Sinon, crois-moi, je n'y travaillerais pas !

Je me contentai de lui sourire en guise de réponse puis un silence s'installa entre nous. Nous quittâmes mon village et je laissai mon regard se promener sur les paysages boisés qui entouraient la route sur laquelle nous étions. Ce Billy avait l'air d'être un gars plutôt sympa, malgré les quelques canines qu'il portait autour de son cou.
Curieusement, je ressentais déjà l'envie d'arriver à destination. Je ne parvenais pas à me l'expliquer. Peut-être était-ce l'envie de rencontrer d'autres personnes qui, comme moi, pâtissaient de la pleine lune et de ses effets. Ou alors était-ce parce que Billy nous avait affirmé que le CFEL cherchait activement des remèdes pour guérir les loups-garous. Les deux, sans doute.

-Alors, tu te sens comment, gamin ? me demanda-t-il pour engager la conversation.
-Je me pose beaucoup de questions, lui confessai-je.
-Ah ! Typique ! dit-t-il. Alors, que veux-tu savoir ?
-Comment savais-tu que j'étais un... un...

Je n'ai pas su terminer ma phrase tant le mot « loup-garou » m'effrayait. Il m'inspirait tant de crainte que je n'arrivais même plus à  le prononcer.

-C'est mon boulot, tu sais. Et puis, j'ai mes sources...
-Tes sources ? lui demandai-je curieux de savoir « qui » m'avait dénoncé de la sorte.
-Si je te le dis, tu ne me croiras pas...
-Essaye toujours !

Il étouffa un rire puis me répondit :

-Tu sais, Wilhelm, il n'y a pas que des loups-garous, dans les bois. D'autres créatures, invisibles aux yeux de beaucoup, y demeurent également et coopèrent étroitement avec nous.
-Je suis sceptique, lui dis-je.
-Ah!Typique !

Un nouveau silence s'installa entre nous. Je consultai ma montre et me rendis compte que cela faisait maintenant une demi-heure que nous étions sur la route. À l'extérieur, le ciel commençait à se couvrir et je pouvais voir que le vent se levait lui aussi, à en juger par tous ces arbres qui se balançaient d'avant en arrière à un rythme effréné.

-On dirait que l'orage menace, fit Billy.
-C'est maintenant que je réalise que j'ai oublié de prendre un parapluie dans mes affaires...

Billy étouffa un rire et accéléra sans prévenir.

-T'inquiète pas, gamin ! On sera au centre avant qu'il ne commence à pleuvoir !

Et le pick-up se maintint ainsi à une vitesse extraordinaire durant plusieurs minutes. Un quart d'heure plus tard, il sortit de la route pour entrer dans un bois et suivre un chemin de terre qui l'amena face à une haute grille surveillée par deux grands hommes armés jusqu'aux dents, vêtus d'un uniforme tacheté de gris et de blanc. Le véhicule s'arrêta et l'un des gardes s'approcha de la fenêtre de Billy. Ils bavardèrent quelques instants puis le garde se tourna vers son collègue pour l'autoriser à ouvrir le portail et notre véhicule le passa sans être inquiété.

-Nous entrons dans le vaste domaine du CFEL, m'apprit Billy. Deux milles hectares de forêt étroitement surveillés. Impossible d'y entrer ou d'en sortir sans se retrouver face à une grille sous haute tension ou à un de ces postes de contrôle que tu viens de voir.
-Et vous avez même votre milice privée ?
-Ouaip ! Toute cette sécurité est nécessaire, tu sais. Tout d'abord, pour éviter que les loups-garous n'en sortent lors de leurs pleine lune. Ils pourraient blesser des civils innocents. Ensuite, il apparaît évident que des recherches menées au sujet de telles créatures peuvent attiser la jalousie de personnes mal intentionnées.

Notre route continua encore dix bonnes minutes à travers la forêt puis nous arrivâmes dans un lieu qui avait tous les aspects d'une riche propriété. Plusieurs bâtiments et quelques miradors s'entassaient en effet dans une grande clairière autour d'un majestueux manoir. Notre véhicule s'arrêta devant ce dernier non sans faire longuement crisser ses pneus.

-Bienvenue à « La mare aux loups », gamin, me fit Billy.
-« La mare aux loups » ?
-C'est le nom donné à la résidence qui t'hébergera.

Un garde similaire à celui que nous avions croisé quelques instants plus tôt s'approcha du véhicule. Billy m'autorisa à en descendre et je m’exécutai.
Le garde me mit la main sur l'épaule.

-Bienvenue, monsieur Wilhelm Eberthal. Si vous voulez bien me suivre...
-Je dois prendre ma valise ? demandai-je.
-Inutile, je m'en occupe, fit Billy. Maintenant, suis mon collègue.

Et ledit collègue m'emmena à l'intérieur de « La mare aux loups », un somptueux manoir aux grandes fenêtres et parsemé de tableaux de toutes sortes. Une noble tapisserie en couvrait le sol et son plafond était garni de luxueux lustres.
Je jetai ensuite un coup d’œil à ce milicien que je suivais à travers les longs couloirs de la résidence. Je demeurai impressionné par le canon du fusil qu'il portait en bandoulière ainsi que par le revolver attaché à sa lourde ceinture noir.
Il m'emmena devant une porte assez grande sur laquelle il frappa deux fois. Une voix claire nous dit de l'intérieur :

-Entrez, entrez !

Le garde ouvrit la porte et m'invita à pénétrer dans la pièce avant de m’emboîter le pas. Face à nous, un homme blond, de taille moyenne, très bien habillé, la soixantaine, occupé à fumer paisiblement derrière son bureau. Il se leva pour m’accueillir et me serrer la main.

-Soyez le bienvenu, monsieur Eberthal, me dit-il en me regardant de ses petits yeux sombres cachés derrière une paire de lunettes. Je suis Loan Forrer, le directeur du Centre Fédéral d'Etudes de la Lycanthropie.

Sa poigne semblait aussi faible que son regard et ses traits étaient ceux d'un homme fatigué par les années.
D'un signe de tête, il congédia le garde, reprit sa place derrière son grand bureau puis m'invita à prendre un siège. Il me proposa une cigarette que je refusai poliment.

-Si vous voulez bien signer ces quelques documents, me demanda-t-il en glissant vers moi quelques papiers où figuraient plusieurs précisions sur les statuts du CFEL.

L'institution était subsidiée en partie par un important mécénat venant de la communauté scientifique et était dépendante du ministère de la Santé publique ainsi que du secrétaire d'Etat chargé de la Politique scientifique.

L'homme me prêta un stylo et j'apposai ma signature sur chacune des feuilles qui m'étaient destinées. Le directeur Forrer posa sa cigarette dans son cendrier, reprit les documents, les rangea dans un classeur puis m'annonça souriant :

-Monsieur Wilhelm Eberthal, vous êtes désormais un résident à part entière de « La mare aux loups » ! En espérant que vous vous y plairez !
EDIT 01.04.2016 : Modifications apportées à ce chapitre :
-Description physique du père de Wilhelm
-Précisions sur le fait que le père de Wilhelm a tenté de trouver une solution pour la lycanthropie de son fils
-Précisions sur le CFEL : l'institution est subsidiée en partie par un important mécénat venant de la communauté scientifique et est dépendante du ministère de la Santé publique ainsi que du secrétaire d'Etat chargé de la Politique scientifique.
© 2015 - 2024 Yorffeez
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K-naille's avatar
Bon, le CFEL a de gros moyens. Mais je suppose que son action est positive, puisqu'ils sont aidés par les créatures de la forêt... 

Tu ne v-développe pas du tout la relation aux parents - c'est logique parce qu'ils seront absents pour la suite, mais ça reste un élément important et qui pose plein de questions : comment Wilhelm leur a-t-il fait part de son problème? L'ont-ils cru sur parole? Pourquoi n'ont-ils pas eux-mêmes cherché à le soigner?...